L’histoire de la photographie spirite, en Europe, remonte aux années 1870 ; plus précisément, à Londres, le 4 mars 1872.

Ainsi, une poignée de passionnés découvraient-ils ce nouvel aspect qu’offrait la photographie prouvant qu’elle pouvait avoir accès à l’occulte.

Patrick Bories joue sur deux tableaux : l’image naturelle d’une jeune fille transformée par ses soins en images surnaturelles. Les surimpressions opèrent le charme du prestidigitateur, ouvrant la porte à l’extra… ordinaire. Néanmoins, prenons-y garde car cette image spectrale est aussi belle que dangereuse, et elle pourrait se nourrir de notre vie ……… Car il s’agit d’un esprit errant….

« Il était une fois…. » Mots magiques pour amener les contes aux enfants. Aussi, laissons-nous guider par l’œil du créateur qui se joue magnifiquement de la réalité.

Ce privilège nous permet de rêver ensemble le même rêve et de nous montrer, avec une certaine rigueur du réalisme, les fantasmes de l’irréalité. Cette série de visions spectrales nous ensorcèlent en nous entraînant dans un véhicule de poésie.

Car ces images reflètent autre chose qu’une simple séance de strip-tease, consistant à ôter peu à peu la matérialité du corps pour ne révéler que l’âme du sujet. L’ombre ainsi révélée nous porte à espérer de ce « plus vrai que le vrai ».

Par différents tableaux, le photographe se joue de la conscience rationnelle. Au coeur d’une chapelle, une âme défunte est en quête de délivrance. Jouant du clair-obscur, le spectre nous apparaît dans des halos lumineux. Sa frêle silhouette, nimbée d’un fin tissu diaphane, ombre fragile dans son linceul, écrit son récit à l’encre sympathique. Ce manuscrit mort né ne se déchiffrera qu’aux initiés de l’occulte. Néanmoins, nous savons que les pierres ont une âme capable de mensonges comme de vérités, à l’instar du miroir qui se joue de notre reflet. Resteront-elles, à jamais, indéchiffrables, pour nous, simples mortels ?

Car la chapelle, elle aussi, apparaît comme un catalyseur d’émotions. Endroit isolé, où le silence règne parmi une nature sauvage, elle émerge dans un décor propice au recueillement.

Ainsi, Patrick Bories nous convie-t-il à participer à l’orchestration de scènes occultes au sein de ce réceptacle pétri par des siècles de légendes, de superstitions, de joies comme de malheurs. L’ombre du mystère resplendit à la lumière de la vérité. Nous en sommes convaincus par ce secret désir d’opérer une brèche dans l’épaisse invisibilité de cet autre Monde.

L’auteur de cette mise en scène théâtrale nous entraîne à un double questionnement :

- Serons-nous, après notre mort, comme cet esprit errant en quête de paix ?

- Sommes-nous capables de quitter nos raisonnements rationnels pour admettre l’existence d’un monde invisible ?

Le dilemme est simple : on admet l’existence de l’occulte ou bien on la rejette. Mais, l’auteur de ces photographies semble nous chuchoter que ce débat est stérile. Car les images qu’il nous propose sont d’une beauté céleste et nous enveloppent d’une magie ensorcelante. Se transformant en charmeur de serpents, il nous offre la saveur d’un mystère qui nous habitera encore très longtemps.


Catherine Guarrigue


Using Format